Le silence retombe en ce mois de janvier 2018 sur les dunes dorées de Taghit, à 90 km au sud-est de Béchar dans le grand Erg occidental. Silence réparateur et triste à la fois. Après une semaine d’ambiance intense, à la faveur duréveillon de fin d’année, la ville-palmeraie, l’une des destinations les plus prisées du tourisme saharien, retrouve les habitudes des jours ordinaires.
Les ruelles sont presque désertes. La place, où s’installe habituellement les vendeurs ambulants des produits d’artisanat durant les derniers jours de décembre, est vide, balayée par le vent glacial de l’hiver.
Seul un commerçant, venu du Nord, garde « la boutique » ouverte avec quelques objets traditionnels, dont certains sont importés, des chèches de toutes couleurs et des bonnets en laine.
La nuit, le froid est vif, dans cette région du sud-ouest algérien. Après le réveillon, Taghit s’adapte au passage à vide ou aux jours sans. « Il y a trois grandes dates pour le tourisme à Taghit, la fin de l’année, les vacances scolaires du printemps et les bains de sable durant l’été », explique Ahmed Taghiti, président de l’APC de Taghit.
Aucune statistique fiable n’existe sur le nombre des touristes qui visitent cette localité. « Ce que nous savons est que le nombre de visiteurs de Taghit peut dépasser les 60.000 durant l’année », indique le maire. Il n’y a pas d’agences de voyages à Taghit ni bureau de tourisme. Une plaque a été installée récemment par la direction du tourisme de la wilaya de Béchar pour indiquer les endroits à visiter dans la région. Une signalétique nécessaire vue aussi à Beni Abbes. « L’office local du tourisme a été fermé. Il a été victime des procédures bureaucratiques », regrette Réda Hamouya, président de l’Association Ecotourisme de Taghit.
Calme plat au Saoura
L’hiver est pourtant considéré comme « la haute saison » du tourisme saharien. Saison qui dure d’octobre à avril. La période de flottement dépasse les quatre mois durant l’été. En été, on préfère la plage aux dunes du Sahara à moins de trouver de nouvelles idées pour attirer les amateurs des grandes chaleurs et les amoureux des nuits étoilées !
L’hôtel Saoura, propriété de la chaîne publique El Djazair, enregistre peu de clients, après la ruée du réveillon. Avant 2010, cet établissement, construit en 1971, dépendait de l’EGT Oran. Rénové, il a été mis en exploitation en février 2015 avec la classe 4 étoiles. Il est doté de 57 chambres, de 2 suites, d’un restaurant, d’une cafétéria et d’une salle de conférence de 250 sièges équipée de data-show et d’Internet.
La salle « amovible » est louée entre 50.000 à 100.000, la journée. Tout dépend si la demande du client inclue la pause-café et le déjeuner. Les responsables de l’hôtel souhaitent un développement du tourisme d’affaires, des séminaires team-building et des workshops. Un tourisme perçu comme prometteur et pouvant garantir « une certaine rentabilité » à l’hôtel. Une piscine et une terrasse offrent une belle vue sur la vallée de la Zouzfana, la rivière qui traverse Taghit, et les dunes or, jaune et ocre.
« Cette piscine est opérationnelle même en période hivernale. Le client est libre de tenter une baignade en ce temps froid », s’amuse un employé de l’hôtel. L’hôtel pratique des tarifs variables de groupes selon le nombre de nuitées et des prestations demandées. Saoura, qui est un hôtel touristique, cible aussi le tourisme familial.
L’habitude chez le touriste algérien est de se déplacer en famille surtout durant les périodes de vacances scolaires. Le taux d’occupation de l’hôtel Saoura dépasse les 50% en mars et en décembre. Sous-traitant avec des prestataires de services, l’établissement offre à ses clients, selon la demande, des sorties en quads (so trendy à Taghit) ou des bivouacs avec du méchoui au menu. Les visiteurs algériens sont plus ciblés autant que étrangers qui résident en Algérie.
Bordj Taghit, on ne regarde pas la télé !
À Bordj Taghit, à côté du vieux ksar, le calme règne en cette fin de journée. C’est une auberge installée dans l’ancien Fort Mercier (construit à l’époque coloniale par les militaires français vers 1900). Rénové et ouvert en 2008, le Bordj, qui est la propriété d’un investisseur algérois et qui jouit d’une position stratégique, offre une vue large sur les dunes, le vieux ksar, la palmeraie et la route du nord, celle qui mène vers Zaouia Fougania, puis El Bayadh, plus loin.
Mohamed, qui assure l’accueil sur place, nous ouvre la porte avec un grand sourire. Le séjour dans cet espace se fait sur réservation. Le tarif d’une nuitée varie entre 7.000 et 9.000 dinars, petit déjeuner compris. « Nous retenons les tarifs selon les groupes et leurs compositions. Nous faisons des réductions parfois. Chez nous, on goûte au plaisir du Sahara. Vous voyez les chambres sont décorées d’une manière traditionnelle avec les tapis et le mobilier en fer forgé. Il n’y a pas de poste télé. C’est le dépaysement total. Nous offrons des plats de la gastronomie locale aussi », souligne Mohamed qui parle d’une voix apaisée. « Nous recevons des touristes de partout. Certains de nos clients reviennent chaque année. Nous organisons des sorties dans le désert, des randonnées à dos de chameaux, des courses motos. Nous offrons parfois des déjeuners en plein palmeraie et des dîners sur dunes. Le pain traditionnel est cuit sur place sous le sable chaud », dit-il.
À Bordj Taghit, qui est fréquenté entre l’automne et le printemps, on parle aussi du bivouac comme « une auberge des sables ». À l’intérieur de l’auberge en dur, une kheima est dressée sur une cour-terrasse face aux dunes alors qu’un grand salon, idéal pour les soirées d’hiver, est décoré d’une manière authentique avec des tables rondes en cuivre et des assises traditionnelles. Les fenêtres du salon offrent une vue « artistique » sur l’immensité désertique jaune-ocre.
Chez Akacem, on fait du camping à l’ancienne
La vue sur les dunes est plus vaste chez le camping d’Akacem à Taghit, à côté de l’auberge de jeunes, sur la route de Bekhti. « Les visiteurs viennent chez nous pour planter une tente, dormir dans nos chambres, dans nos kheimas ou dans une des deux huttes que nous avons implantées dans la cour. L’espace est gardé ici pour le camping à l’ancienne. Nous pouvons mettre à la disposition de nos clients des kheimas que nous montons nous-mêmes au prix de 500 dinars par personne. Des familles entières sont venues et se sont installées dans les kheimas. Nous organisons des bivouacs en dehors de la ville et randonnées avec des chameaux ou des quads. Nous offrons également des repas traditionnels comme le couscous, le méchoui ou le poulet à l’étouffée. Tout dépend des demandes des clients. Nous offrons les repas entre 4.000 à 5.000 dinars », explique Bachir Akacem, gérant du camping.
Selon lui, « les périodes touristiques » se divisent par génération. « Il y a les étudiants en mars, les groupes de jeunes pendant le réveillon, les personnes âgées qui cherchent le calme durant les autres mois », précise-t-il. Au camping d’Akacem, la nuitée est à 1.000 dinars pour les chambres. Sur les petites tables, posées à même le sable, le petit déjeuner est plutôt riche : mélasse de dattes fabriquée localement, du beurre frais, du pain traditionnel et du thé à la menthe ou du café. Un petit déjeuner royal que les touristes étrangers adorent.
L’Algérie, qui est quatrième producteur mondial de dattes, n’exporte toujours pas la mélasse, le miel et la patte de dattes. Des produits bio de haute qualité nutritive et curative. La mélasse de dattes est souvent conseillée aux personnes souffrant d’anémie. « On fait cuire des dattes avec de l’eau pendant plus de deux heures. Après la cuisson, le produit obtenu est pressé pour donner ce jus visqueux qui est la mélasse. Le reste est donné au bétail. C’est un excellent aliment », explique Omar, revendeur de ces produits au marché local.
Le Sahara intéresse enfin les touristes chinois
Bachir Akacem accueille des touristes italiens, français, espagnoles et polonais. « Nous recevons aussi des touristes chinois. On s’est habitué à eux en tant que travailleurs dans les entreprises », insiste-t-il. « Dès que les clients arrivent, nous nous adaptons à leurs besoins mais nous ne pouvons pas être parfaits », confie-t-il.
Salem Khelifi, ex-inspecteur des impôts, travaille avec Bachir Akacem dans l’artisanat. « Je dessine des tableaux avec du sable et je remplis les bouteilles avec du sable avec des formes colorées. On peut voir des chameaux, des caravanes, des kheimas, des oiseaux et des dunes », explique-t-il.
Chanteur amateur, Salem assure aussi des soirées musicales autour d’un feu de camp et des pots de thé parfumé à la menthe, aux clous de girofle ou à la cannelle. Le plus âgé du groupe est Hadj Aissa Ghozlane qui est, lui, spécialisé dans l’installation des kheimas.
« L’installation d’une kheima peut prendre deux jours. Nous veillons toujours à prendre en compte la direction du vent. Le décor se fait de façon traditionnelle. C’est une manière de préserver notre patrimoine et notre culture », dit-il. Un art à transmettre aux jeunes ? « Oui, absolument », répond-il.
À 2 km de Taghit, à Zaouia Fougania, sur la route du nord, l’Office national algérien du tourisme (Onat) construit sur deux hectares un village touristique. La nouveauté est l’utilisation de matériaux locaux comme le toub (terre) pour la construction. Manière de rompre, quelque peu, avec l’usage de la brique grise et du béton qui défigurent le paysage urbain saharien. Le coût du projet est de 110 millions de dinars. Le taux d’avancement des travaux oscille entre 30 à 40%, selon Ahmed Taghiti, président de l’APC de Taghit.
L’Onat construit deux autres villages touristiques à Timimoun (Adrar) et Souk Lethnin (Béjaia). À Bekhti, ksar mitoyen de Taghit, un complexe touristique est en construction par un privé. « Le développement du tourisme à Taghit est lent, n’évolue pas comme nous le voulons. Le rythme des travaux des structures touristiques est faible », regrette Ahmed Taghiti. « Nous sommes prêts à accorder des facilités aux investisseurs dans les domaines du tourisme et de l’agriculture. Nous voulons leur faciliter l’accès au foncier », ajoute-t-il.
Même au Sahara, le foncier constitue un problème ?! « Les terres destinées à l’investissement sont une propriété de l’État. Nous avons une douzaine de demandes d’investissement surtout pour des structures d’hébergement et de restauration », relève le maire.
Sur plus de 80 km, la route entre Taghit et Béchar traverse des terres rocailleuses, parfois sablonneuses, livrées aux vents et à la rêverie des routiers. Ne faudrait-il pas penser à des projets d’investissement dans le tourisme ? Qu’en est-il de la politique nationale d’aménagement du territoire ? De la relance de l’agriculture ?
Loger chez l’habitant, une procédure complexe
Une vingtaine de maisons d’hôte existent à Taghit. Elles compensent un tant soi le manque d’infrastructures d’hébergement. Une circulaire interministérielle datant du 16 Juin 2012 précise les règles relatives au logement chez l’habitant comme « formule d’hébergement touristique ».
« Une formule par laquelle le propriétaire d’une habitation met à la disposition d’une ou plusieurs personnes, à titre onéreux et temporaire, toute ou une partie de sa propriété assortie de prestations. L’habitation doit être meublée et doit répondre aux règles de sécurité, d’hygiène et de salubrité », est-il indiqué dans le texte.
La circulaire précise que le total des locataires d’une habitation ne doit pas excéder les 15. « Le propriétaire doit déclarer l’hébergement des touristes de nationalité étrangère aux services de la sécurité compétente, conformément à l’article 29 de la loi n°08-11 de 25 juin 2008 relative aux conditions de circulation des étrangers en Algérie », est-il encore stipulé.
Cette déclaration semble poser des problèmes puisqu’elle prend une dimension bureaucratique. Selon Ahmed Taghiti, un bureau existe au niveau des services sociaux de l’APC pour s’occuper de cette question. « Le demandeur doit fournir un certain nombre de documents sur l’état du logement. Certains documents sécuritaires doivent être fournis aussi », indique-t-il.
Selon Tayeb Mebarki, guide touristique, la nouvelle loi a relancé quelque peu l’activité. « Mais l’hébergement est saisonnier. Il y a des moments où la demande est forte. À la fin de l’année, tout le monde veut venir ici. Il est impossible d’héberger tous les visiteurs. Il faut peut-être revenir à la pratique du camping, faire comme les scouts, encourager les bivouacs », propose Tayeb Mebarki.
Thé à l’armoise chez Bachir
À l’entrée du vieux ksar de Taghit, Jaber a ouvert une petite salle pour servir du thé avec des cacahuètes et parfois des dîners traditionnels. « Je suis sans emploi depuis quelques mois. J’ai donc ouvert ce local pour gagner ma vie. Pour moi, ça marche un peu », dit-il entre deux gorgées de thé.
Durant les moments du rush touristique de fin d’année, Jaber héberge quelques visiteurs. « À la demande, je prépare le dîner. Je reçois des touristes durant le réveillon, le printemps et l’été, lors de la saison du Rdim (bain de sables). Parfois, les touristes ne savent pas où passer la nuit en raison de l’insuffisance des structures d’accueil. L’État doit contribuer à régler cette situation. Il faut plus de maisons d’hôtes. Il nous est interdit d’héberger des gens sans autorisation de la daïra. Ici, la plupart des habitations sont sans actes de propriété. Les gens n’ont que des documents coutumiers. Donc, il est difficile d’obtenir l’autorisation d’héberger des touristes », se plaint-il.
À quelques pas du local de Jaber, Bachir Benaich offre du thé parfumé à l’armoise et des cacahuètes aux visiteurs dans un cadre traditionnel. Bachir prépare des repas sur commande comme le couscous en sauce rouge, M’hmassa, Hrira, M’khel’aa et Merdoum. « Vous me demandez, c’est quoi le Merdoum. Il s’agit d’un poulet ou de la viande rouge qui cuit à l’étouffée sous le sable », explique Bachir.
Abdellali Allali, guide touristique, parle, lui, de la Mela, le pain cuit sur les braises sous le sable. « Nous préparons ce pain avec des légumes comme l’oignon, l’ail et les épices. La patte est entourée dans du papier aluminium est mise sous le sable », souligne-t-il.
Ce savoir-faire ancestral n’est pas suffisamment mis en valeur dans la promotion de la destination Taghit. Abdellali Allali plaide pour une véritable politique nationale pour le tourisme qui prend en charge tous les aspects comme l’accès aux visas, les transports, la promotion, les circuits et l’hébergement.
Selon Jaber, les touristes cherchent ici tout ce qui est authentique comme le vieux ksar ou les gravures préhistoriques de Zaouia Tahtania. « Les dunes sont également une source d’attraction pour Taghit », dit-il. En fin de journée, des enfants font du ski sur ces dunes. Les plus jeunes des skieurs utilisent des films d’imagerie médicale, ça coûte rien et c’est très glissant sur le sable fin ! Les enfants ont toujours des idées…
Canettes, bouteilles et pots de yaourt sur les dunes !
Des bouteilles d’eau en plastique, des pots de yaourt, des paquets de cigarettes et des canettes de boissons « décorent » les dunes de Taghit. Il s’agit des traces laissées par les fêtards du réveillon.
« Après cette fête, nous passons presque un mois à nettoyer la ville », constate Ahmed Taghiti. « C’est une catastrophe. Je pense qu’avant de demander à l’APC de nettoyer, c’est d’abord l’affaire du visiteur de veiller à garder les lieux propres », souligne Tayeb Mebarki.
Abdelkader Sahli, surnommé « Le PDG du désert », doyen des guides touristiques de Taghit, est amer. « La culture du tourisme est largement absente chez nos compatriotes. Dès qu’il termine sa cigarette, le touriste étranger garde le mégot avant de le jeter dans la poubelle. Les nôtres mangent et laissent les détritus sur place alors que la poubelle est à quelques pas d’eux ! », regrette-t-il.
Abdelkader Sahli critique les organisateurs des circuits touristiques qui oublient de sensibiliser leurs clients sur la nécessité de respecter les règles de la propreté et l’environnement. « Cela dit, il y a aussi parmi nos compatriotes qui dénoncent le manque de civisme et la dégradation de l’environnement », souligne-t-il.
Pour Réda Hamouya, président de l’Association Ecotourisme de Taghit, le respect de la propreté des milieux naturels et urbains est l’affaire de tous. « Il faut que les pouvoirs publics s’intéressent plus à la question. L’APC de Taghit est pauvre, n’a pas les moyens d’assumer pleinement le rôle de protéger l’environnement. Déjà, elle arrive à peine à s’occuper du ramassage des poubelles », prévient-il.
Son association existe depuis janvier 2014. « Notre objectif est de protéger le patrimoine matériel et immatériel ainsi que l’environnement de Taghit. Nous voulons contribuer à assurer un climat adéquat pour les touristes », explique-t-il.
« Certains se déplacent ici croyant aller à Las Vegas ! »
« Les eaux usées sont déversées dans la palmeraie. Cette palmeraie, qui est le cœur battant de Taghit, est en train de disparaître petit à petit à cause de cette situation. Il faut donc qu’on trouve rapidement une solution. Nous avons besoin en urgence d’une station d’épuration pour nettoyer les eaux et les réutiliser », demande Reda Hamouya.
La région de Taghit compte plus de 100.000 palmiers sur une vingtaine de kilomètres. Abdelkader Sahli regrette, lui, le manque de professionnalisme de certains intervenants dans le secteur du tourisme saharien. « Nous ne faisons que régresser. Il y a un sérieux problème d’éducation. N’importe qui vient au tourisme aujourd’hui. Certains se déplacent ici croyant aller à Las Vegas ! Ils veulent trouver des hôtels, du confort, de la danse. Ils ne veulent même pas comprendre l’histoire et la culture de la région, connaître leur pays », déplore-t-il.
« S’approcher des étoiles la nuit, du soleil le jour »
Quel est donc le circuit idéal à Taghit, l’enchanteresse ? « Il faut d’abord visiter le vieux ksar. Ensuite, se déplacer en haut des dunes pour admirer le coucher de soleil, pénétrer après dans le désert. C’est ce que je fais avec les groupes que je reçois. Il s’agit souvent de randonnées pédestres. On peut parfois marcher jusqu’à 18 km par jour. Ensuite, nous passons par les falaises (à côté de Taghit) de Baroun et jusqu’à Bekhti. Certains touristes adorent voir le ciel étoilé. Je leur organise des sorties nocturnes. Je suis un ancien scout, je connais l’orientation de nuit. Le scoutisme m’a beaucoup appris », répond Tayeb Mebarki qui active dans le secteur du tourisme depuis 1985.
« En 1989, j’ai fait le tour d’Algérie. Je suis autonome, travaille avec Skype, MSN, Facebook et tous les réseaux sociaux », dit-il. À chacun sa méthode dans l’univers de la débrouillardise !
Tayeb Mebarki regrette que Taghit soit toujours invisible dans les offres touristiques nationales. « Il n’y a que deux agences touristiques qui font la promotion de la destination Taghit, SOS travel d’Alger et Melina Voyages. Les autres agences ne s’intéressent qu’à la Omra ! Ramenez-nous les touristes ici, on s’en occupe », dit-il.
Réda Hamouya a un autre point de vue. « Vous savez, Taghit n’a pas besoin de publicité. Elle est connue au niveau national et à l’étranger. Les structures d’accueil sont encore insuffisantes .Nous voulons prendre l’initiative d’organiser des manifestations. Mais, nous craignons de ne pas pouvoir héberger tous nos invités. L’idéal est de construire des campings traditionnels et encourager les investisseurs à bâtir des auberges et des maisons d’hôtes. La restauration des vieux ksours peut faciliter l’exploitation des habitations dans l’hébergement. Ces ksours n’ont été abandonnés qu’à la fin des années 1990 », estime-t-il.
Abdelkader Sahli relève, de son côté, que la fréquentation de Taghit s’est nettement améliorée ces dernières années. L’affaiblissement des travel waring vers le Sud algérien a encouragé le retour graduel des touristes.
« Le nombre d’étrangers est de plus en plus important. Ils viennent d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne, de France, des États Unis, de Suisse du Canada. Ces touristes cherchent le calme, apprécient la nature et les paysages. Ils veulent aussi découvrir les traditions de la région, s’approcher des étoiles la nuit et du soleil le jour. Ils ne cherchent pas à être hébergés dans un hôtel, mais d’aller à la rencontre des dunes, sortir dans le grand air pour y élire domicile dans des conditions plus ou moins acceptables. Ils veulent manger et dormir localement », souligne Abdelkader Sahli, sur les routes depuis plus de trente ans.
Tayeb Mebarki, qui a sa propre maison d’hôte dans le vieux ksar, préfère le tourisme solidaire, le tourisme durable et l’écotourisme. Bref, le tourisme utile. « Lorsque je reçois des groupes des scouts, par exemple, je leur demande de ramener avec eux des aides pour les familles nécessiteuses d’ici. C’est le tourisme solidaire. Pour l’écotourisme, je demande aux visiteurs de venir avec des plantes. Et parfois, j’organise des sorties de plantation d’arbres ici avec les visiteurs ou des campagnes de nettoyage », note-t-il.
Comment relancer le tourisme à Taghit ?
« Il faut d’abord investir dans les structures d’accueil de taille modeste ayant un caractère local traditionnel. Nous n’avons pas besoin de grandes structures. Le touriste vient à Taghit en quête de dépaysement. Il faut changer. Nous devons proposer aux visiteurs la cuisine de la région. Il n’y a pas encore un restaurant ici qui offre ce genre de plats », souligne Ahmed Taghiti.
« C’est bien d’engager des investissements, mais il faut attirer les touristes. Un propriétaire d’un hôtel doit aussi avoir une agence touristique qui lui assure la clientèle et qui établit les programmes », reprend Tayeb Mebarki.
Il plaide pour l’encouragement de « la culture » du bivouac autour de Taghit. « Pour développer le tourisme, il faut construire un aéroport à Taghit. Ensuite, Air Algérie doit pratiquer des tarifs promotionnels surtout pour les familles ou les groupes. Il faut au moins 60.000 dinars pour un père qui se déplace avec ses enfants sans compter les frais de l’hébergement et de la nourriture. C’est un peu cher. Cette situation nous bloque », regrette un opérateur touristique local.
« Moi, je ne prends pas l’avion. Donc, je préfère le bus. Les tarifs d’avion sont hors prix, trop chers. Ils sont dissuasifs. Et on nous parle de pays du pétrole », appuie Tayeb Mebarki. Il évoque la difficulté que trouvent les touristes étrangers à obtenir le visa algérien. Le visa touristique algérien serait l’un des plus compliqués à obtenir, semble-t-il. Certains opérateurs proposent de relancer certaines activités culturelles comme le Maoussim de Taghit ou le Festival international du court-métrage de Taghit. Le tourisme culturel ? Il faut bien y penser.
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